Elle est parfois en retard, parfois arrivée trop tôt, cependant elle est toujours là, couvrant à minuit le monde de son manteau de noir. Quelquefois elle se lève avant l'heure, se prenant les pieds dans la brume et oubliant dans le ciel son croissant du matin. Sa cape ténébreuse fait peur aux enfants comme aux grands, qui lui préfèrent son frère Soleil. Lorsqu'elle ne veille pas, elle le jalouse : pourquoi est-ce lui, l'astre merveilleux ? Mais elle est indispensable aussi, et c'est avec elle que les gardiens de minuits trouvent la paix, hurlant sous la Lune ensanglantée. Elle veille sur les démunis, qui une fois à l'extérieur du lit, lui tournent le dos. Pourtant elle n'est pas rancunière, et ses étoiles lui tiennent compagnie. Grace à elle, certains soupirent d'aise en regardant le ciel. Ces petites gouttes blanches sr son teint de bois fascinent. Lorsqu'elle sourit, la soirée est toujours plus chaude, mais il ne faut pas l'énerver. Toujours de marbre, celui qui vient la tourmenter jusqu'à l'en faire exploser se verra soudain une vie bien maigre. Parfois aussi elle soupire, libérant un souffle rempli de ses peines, qui rafraichit l'échine. Rarement elle se plaint, mais personne ne la blâme. Car personne ne prend réellement le temps de la regarder et de lui parler. La Nuit est seule, et elle répondra si vous lui parlez.

Carol S.